PETAL

Programme d’Education Thérapeutique visant à l’amélioration de la qualité de vie des Aidants et des patients Laryngectomisés

Pharmacien

La prise en charge à l’officine

La dispensation des dispositifs médicaux

 

 

Le pharmacien délivre des dispositifs médicaux et assure la matériovigilance. Le patient laryngectomisé a besoin de différents dispositifs médicaux notamment pour améliorer sa qualité de vie. Le pharmacien doit être capable de lui trouver le matériel dont il a besoin au quotidien. Ainsi, il sera détaillé ci-dessous les dispositifs médicaux dont un patient laryngectomisé peut être amené à vous demander. Les principaux fabricants de dispositifs médicaux destinés aux patients laryngectomisés sont : Atos Médical®, Collin Laryngologie® et Cérédas®.

 

 

 

LA CANULE TRACHEALE CALIBREUSE

 

Dans la période post opératoire et pendant 1 an, celle-ci permet de calibrer l’orifice de trachéostome , elle doit être portée jour et nuit pendant toute la période de cicatrisation .

C’est une canule souple en silicone permettant d’éviter les sténoses trachéales en attendant la cicatrisation complète. Il existe différentes tailles selon les diamètres intérieurs et extérieurs et la longueur de la canule. Il est important de connaitre ces détails pour pouvoir délivrer la bonne canule trachéale au patient. Cette taille va être définie au cours de l’hospitalisation en fonction du patient lui-même (homme ou femme) et de son anatomie. C’est le médecin ORL au cours de l’hospitalisation qui va définir le modèle et la taille adapté à chaque patient. Il existe principalement deux types de canules trachéales, des standards et des fenêtrées en fonction du patient, s’il dispose d’une prothèse phonatoire ou non.

  • Patient porteur d’implant phonatoire = canule fenêtrée pour laisser passer l’air au travers
  • Patient sans implant phonatoire = canule standard.

 

 

Lors de la dispensation de celle-ci, le pharmacien participe à l’éducation thérapeutique du patient en rappelant le bon entretien de la canule et de son trachéostome :

  • Nettoyage de la canule : à l’eau tiède et au savon une fois par jour.
  • Nettoyage de l’orifice du trachéostome : avec des compresses et du sérum physiologique

Il met également en garde sur les éventuels signes de complications lors de ce nettoyage en rappelant au patient d’observer son trachéostome lors du nettoyage afin de repérer une éventuelle rougeur, inflammation, douleur ou écoulement anormal l’orientant vers une consultation médicale

Prise en charge par l’assurance maladie : 2 canules /an (durée de vie estimée à 6 mois)

 

 

 

 

L’IMPLANT PHONATOIRE

Ce dispositif est un petit tube en silicone permettant de maintenir un passage entre la trachée et l’œsophage appelé fistule. Il y a de chaque côté de l’implant des collerettes afin de maintenir celui-ci dans la fistule. L’extrémité de l’implant se trouvant du côté de l’œsophage dispose d’une valve ne s’ouvrant que dans le sens trachée-œsophage. Ceci est pour éviter le passage d’aliments, d’eau et de salive dans la trachée.

 

L’implant phonatoire est mis en place par le chirurgien soit lors de la laryngectomie totale, soit lors d’une consultation. Il existe différentes tailles selon le diamètre externe et la longueur c’est le chirurgien en fonction de l’anatomie du patient qui choisit l’implant phonatoire lui correspondant.

On considère que la durée de vie d’un implant phonatoire est de 6 mois, ainsi tous les 6 mois environ, le patient doit consulter pour remplacer son implant phonatoire par un neuf.

Le pharmacien d’officine ne délivre pas ces dispositifs. Cependant, il doit être au courant des complications qu’ils peuvent engendrer et connaitre le bon entretien de celui-ci. (ces derniers seront détaillés un peu plus loin )

Le pharmacien dans son rôle d’éducateur thérapeutique peut rappeler au patient les bons gestes concernant son entretien. Ces gestes nécessitent d’avoir une brosse et une poire adaptées à l’implant phonatoire que le patient doit avoir reçus lors de la pose de ce dernier.

Prise en charge par l’assurance maladie : Aucune

Soins de l’implant phonatoire:

Quotidiennement voire plusieurs fois / jours, le patient à l’aide de la brosse adaptée doit l’insérer dans la prothèse pour faciliter le passage du souffle et déboucher si besoin le conduit. Cela permet également de limiter la colonisation fongique de type Candida albicans qui reste une complication fréquente. Quant à la poire, elle sert à injecter soit de l’air, de l’eau ou du sérum physiologique afin de nettoyer l’implant. Ces soins quotidiens sont indispensables car inévitablement les sécrétions de la trachée vont venir obturer l’implant ou bloquer la valve. Cela peut nuire à la qualité de voix du patient jusqu’à la rendre impossible ou provoquer des fuites alimentaires ou salivaires.

A distance de l’opération, des problèmes divers peuvent alors survenir.

Parmi les complications, on peut relever :

  • Un rejet de l’implant lors d’une toux violente ou un nettoyage maladroit. Ce rejet peut être dû à une distension de fistule, ainsi l’implant peut soit être inhalé ou dégluti.
  • Colonisation de l’implant par Candida albicans responsable de fuites au travers de la prothèse d’aliments ou de liquides dans la trachée. à fuites intraprothétiques
  • Elargissement de la fistule trachéo-oesophagienne entrainant des fuites de liquides ou aliments autour de la prothèse. à fuites périprothétiques

à Ces deux principales complications (fuite intra et périprothétique ) engendrent une toux et peuvent provoquer des pneumopathies d’inhalation chez ces patients.

  • Un pharyngostome , c’est la création d’une fistule entre le tube digestif et la peau
  • Un granulome inflammatoire lié à une irritation mécanique d’un implant trop petit ou lié à la réaction du sujet au matériau de l’implant

Si un patient laryngectomisé porteur d’un implant phonatoire vous rapporte des éléments évoquant une de ces complications, vous devez l’orienter vers une consultation médicale (médecin traitant ou au mieux son ORL).

 

 

 

LES COMPRESSES TRACHEALES

Les sécrétions trachéales humides expulsées vers l’extérieur vont conduire à une macération des tissus cutanés et une inflammation derrière la collerette de la canule. Cette inflammation peut se transformer en plaie vive avec des complications infectieuses potentielles ainsi il est conseillé d’utiliser des compresses trachéales glissées entre la collerette et le pourtour du trachéostome. Elles vont permettre de garder au sec les tissus cutanés et jouer le rôle d’amortisseur entre la collerette de la canule et la peau empêchant la formation d’escarre.

Vous pouvez conseiller au patient d’utiliser des compresses stériles non tissés fendues en «  Y » ou bien vous pouvez lui conseiller des compresses trachéales spécifiques.

Prise en charge par l’assurance maladie : Aucune

 

 

 

LE COLLIER DE MAINTIEN

La canule doit être maintenue en place grâce à un cordon de fixation.

Il existe différents colliers de maintien de la canule :

  • Soit avec une fixation par des crochets
  • Soit avec une fixation par des bandes auto-grippantes ( type Velcro® )
  • Soit avec un cordon à découper

Il convient de choisir la fixation en fonction de la canule portée par le patient. Mais également en fonction du patient lui-même et de ses capacités.

Prise en charge par l’assurance maladie : Aucune prise en charge

 

 

 

 

LES PROTECTIONS TRACHEALES

Les protections trachéales permettent à la fois de dissimuler le trachéostome pour plus de discrétion mais surtout de protéger les voies respiratoires en permettant une filtration de l’air inspiré des poussières et en évitant l’introduction de corps étrangers dans la trachée. De plus, celles-ci permettent de protéger les personnes extérieures d’éventuelles projections de sécrétions.

Il existe différentes protections trachéales : des protections en mousse ou en tissus. Il existe des protections jetables et des protections lavables en machine et donc réutilisables.

Vous pouvez fournir à votre patient des catalogues concernant les protections trachéales selon les différents fournisseurs. ( Atos®, Cérédas®, Collin® ) ou bien en l’orientant vers l’association des mutilés de la voix.

 

 

 

 

 

LES ECHANGEURS DE CHALEUR ET D’HUMIDITE (ECH)

Ce sont des dispositifs très importants dans la réhabilitation pulmonaire des patients laryngectomisés. En effet, ils permettent de remplacer la perte des fonctions de réchauffement, filtration et d’humidification de l’air effectuées par le nez. On parle également de «  nez artificiel ». Ces ECH sont des éléments importants à conseiller à vos patients laryngectomisés afin d’éviter des sécrétions abondantes et la formation de bouchons trachéaux pouvant leur coûter la vie. Il existe différents types d’ECH : notamment des jetables ou un réutilisable.

  • ECH réutilisable

Le seul réutilisable est le « nez artificiel » Cyranose® de chez Ceredas®. Celui-ci est un kit composé de cinq éléments :

Le principe de l’ECH Cyranose® pour restituer la chaleur est basé sur celui du radiateur. La source de chaleur est l’air expiré à 37°C par la personne laryngectomisée. La chaleur s’emmagasine par le piège à sécrétions et le boitier puis elle est récupérée à l’inspiration. De plus, grâce au métal, une condensation se crée par la différence de température entre l’air expiré et l’air inspiré.

Prise en charge par l’assurance maladie :

  • Coffret ECH cyranose® : 1 coffret par patient
    • 2 adhésifs/jours
    • 3 filtres tous les 3 mois
    • 1 embase/ an
    • 1 piège à sécrétions / an
    • 1 boitier tous les 5 ans

 

Les autres ECH disponibles sur le marché sont des ECH à usage unique.

 

  • ECH à usage unique

 

Le principe reste le même d’un laboratoire à un autre, il consiste à utiliser des boitiers en plastique appelés «  cassettes » contenant de la mousse traitée soit au chlorure de calcium (Atos®) soit au chlorure de sodium ( Collin® ) . Cette mousse remplace la fonction du nez.

  • A l’inspiration, la mousse retient les microparticules et poussières en filtrant l’air avant son introduction dans les poumons. L’humidité captée lors de l’expiration est restituée.
  • A l’expiration, la mousse traitée capte l’humidité et la chaleur de l’air expiré, qu’elle restitue à l’air inspiré.

Prise en charge par l’assurance maladie : 2/ jours

 

Voici les principales précautions d’emploi que vous devez rappeler à votre patient s’il possède ce genre de cassette :

  • A changer toutes les 24h ou plus souvent selon la mucosité des patients.
  • Ne pas rincer ou nettoyer ceux-ci avec de l’eau car réduit leurs capacités d’utilisation
  • Ne pas administrer de traitement médicamenteux par nébuliseur par-dessus le dispositif car le médicament risque de laisser un dépôt dans l’ECH.
  • Ne pas utilisez d’humidificateurs ni d’oxygène humidifié chauffé par l’intermédiaire d’un masque par-dessus le trachéostome lors de l’utilisation du dispositif. L’ECH deviendra trop mouillé. Si une oxygénothérapie est requise, utilisez uniquement de l’oxygène humidifié non chauffé

 

 

 

 

 

LES EMBASES ADHESIVES

 

Les embases adhésives servent à maintenir l’ECH ou bien une canule au regard du trachéostome. Celles-ci sont choisies en fonction de la peau du patient et de son anatomie. Il en existe différentes formes : des rondes et des ovales et il en existe différentes matières :

  • Des hypoallergéniques hydrocolloïdales
  • Des hypoallergéniques avec une forte adhésivité

Le pharmacien peut être amené à conseiller le patient si celui-ci lui rapporte des difficultés comme par exemple :

  • Si l’adhésif se décolle à cause de la transpiration ou de l’humidité : il existe des colles de silicone afin de renforcer la fixation des adhésifs
  • Si au contraire, l’adhésif est difficile à enlever, il existe des solutions pour retirer la colle et les adhésifs (sous forme de lingettes, de spray )

 

Il est important en tant que pharmacien de connaître ces détails pouvant améliorer le quotidien des patients.

 

 

 

LE PROTECTEUR DE DOUCHE

 

Lorsque le patient laryngectomisé prend sa douche, il doit éviter que l’eau n’entre dans sa trachée. Pour se faire, il faut obturer son orifice de trachéostome cependant il doit pouvoir respirer, c’est pour cela qu’il existe des protège-douche.

Il le fixe grâce à une embase adhésive au niveau de sa trachéostomie. Si le patient n’utilise pas d’embase il existe également un protecteur à nouer au cou protégeant l’orifice de la trachée sur lequel l’eau va glisser.

 

Prise en charge par l’assurance maladie : 1/ patient